Léa - C'est drôle, on en parlait justement hier soir avec des copines. On a bien ri.
Paul - Sur qui ? Vous ou les " autres " ?
Léa - A la réflexion, sur les deux. C'est vrai qu'on est bébêtes quand ça nous arrive. Mais il ne faut pas oublier que l'on est deux dans l'histoire, c'est autant de notre faute que de la leur.
Paul - Bien évidemment, mais le plus rigolo, c'est quand on considère le temps perdu à fantasmer : " Oh lala, cela va être bien ! Oh que je le sens bien ! Et que je vais lui faire ça et ça ! Et puis ça aussi, tiens, la totale ! Le plein de super ! Elle ne va pas s'en remettre, la pauvre… "
Léa - Nous, les femmes, on s'éclate bien aussi : " Celui-là, je ne vais pas le rater ! Il va falloir que le corps exulte, et pas que le sien ! Je vais lui montrer ce que vaut une vraie femme d'aujourd'hui ! En technicolor ! En grand écran ! En V.O. je vais la vivre, cette aventure ! J'espère seulement que je vais bien le sentir…
Paul - Ah les fantasmes ! Ah l'esprit ! C'est bien vrai que le cerveau est notre premier organe sexuel…
Léa - On s'imagine, on suppute, on espère, on s'émoustille, on se feux d'artifesses, euh d'artifices, pendant des jours, des semaines…
Paul - Et quelquefois plus ! C'est ça qui est vraiment pathétique, quand on attend des mois, que l'on se préserve, que l'on ne veut pas aller trop vite… Quelle rigolade !
Léa - Toute briquée, grattée, nettoyée, récurée, dépoilée, pommadée, fardée… et pourquoi ? Pour rien.
Paul - Ou pas grand-chose… On a pris une douche (oui, oui), on s'est rasé de frais, et même mis un peu de parfum… Et l'autre est là, prête, offerte, elle attend… Voilà, voilà, que je me dis. On y est. Il faut y aller… Et rien ne se passe. Pas envie. Et voici qu'elle me regarde avec ses yeux…. Et elle me fait peur. Et qu'elle me touche avec ses mains. Eh bien, elle me touche avec ses mains… Voilà, voilà. Je te promets que j'essaye des trucs et des machins, je t'assure que j'y mets du mien… Rien à faire. J'ai l'air idiot et je m'arrête…
Léa - Je connais ça, mais à l'inverse. Il se trémousse comme un fou sur mon petit corps de rêve, et ça ne démarre pas… Je ne sens, je ne ressens rien. Moi qui en ai fait une fête, de cette première nuit, eh bien, au bout d'un moment, je ne sais pas pourquoi, mais ça m'énerve, tout ça. J'ai envie que cela se termine vite vite… Ensuite, allez hop, on passe à autre chose…
Paul - Dis-moi, j'y pense, tu as dis que c'était autant de notre faute que de la sienne ?
Léa - Oui, je l'ai dit…
Paul - Donc, quelque part, si c'est de notre faute, l'autre, il pense pareil de nous ?
Léa - Ben oui !
Paul - Donc, on est susceptible d'être un jour ou l'autre un nul…
Léa - Ou une nulle… On ne peut pas y échapper.
Paul - C'est terrible de penser cela.
Léa - Terrifiant.
Paul - Stupéfiant.
Léa - Sidérant.
Paul - Abasourdissant.
Léa - Et pourtant vrai.
Paul - Comment ça, vrai ?
Léa - Ne me dis pas que tu es toujours performant !?
Paul - C'est vrai, mais de là à être un nul !
Léa - Pour l'autre, c'est sûr que tu l'es… Il n'y pas de comparaison possible, tu comprends, c'est la première fois qu'avec toi…
Paul - Mais je veux bien, moi, lui apporter tout un tas d'autres comparaisons…
Léa - Mais t'en laisse-t-elle le loisir ?
Paul - Ben, pas vraiment…
Léa - Donc, pour elle, tu es../..
../../.. La suite, passionnante, ici...
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