L'amour essuie-glace

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Anne - Qu'est-ce que veut dire ce titre ? Tu te sers d'un essuie-glace et puis…
Pierre - Mais non. Figure-toi qu'il pleuvait ce matin et cela m'a rappelé certaines partenaires… ayant appréciées ma technique et mes prouesses. Non, en fait, je te taquine, mais ma théorie peut quand même t'intéresser. Tu es une femme après tout.
Anne - Qui te permet d'en douter ?
Pierre - Tes affirmations péremptoires font peur. Je ne voulais pas te le dire, pour ne pas te faire de peine, mais voilà, tu fais peur aux hommes…
Anne - Moi !? Mais je ne dis que la vérité !!! Avec toute ma douceur féminine, ma sensibilité à fleur de peau, mon charme…
Pierre - Hum ! Passons. Donc, je disais que l'homme doit faire l'amour comme un essuie-glace. Tu sais que ces engins proposent trois vitesses : l'intermittente
(un passage toutes les six secondes environ : tlach 6'' tlach 6'' tlach…), la vitesse intermédiaire (zip … zip … zip), et la rapide (Ding Ding Ding…). L'homme c'est l'essuie-glace, tu vois…
Anne - Et la femme ?
Pierre - C'est la pluie. La sensualité, ou plutôt l'envie, si tu veux. Plus l'envie est forte, plus il pleut, et plus l'essuie-glace est rapide, d'accord ? Mais ce n'est
pas si simple. Il faut en général mettre la bonne vitesse, mais quelquefois être à contretemps ; il faut oser ! par exemple : grosse pluie = vitesse intermédiaire ; averse = intermittente ; bruine = vitesse rapide… Tu vois ?
Anne - Pour moi, c'est le brouillard ton truc…
Pierre - Le brouillard, c'est de l'eau en suspension. C'est de l'envie oui, mais de l'envie diffuse, imperceptible, très présente néanmoins. Reste dans le brouillard quelques temps, et tu verras que tu seras toute mouillée. Sans jeu de mots.
Anne - Je ne comprends pas tout. Zip, Ding, Tlach, c'est d'un goût ! Tu peux expliquer ?
Pierre - Bien sûr. Sois attentive : La vitesse lente, c'est le langoureux, le voluptueux. Toute la technique est là : s’arrêter, tlach ; stop pendant quelques secondes puis tlach. Génial mais pas facile du tout, tu verras.
Anne - Comment ça, je verrai ?
Pierre - Ben oui, tu te trouves un type qui veut bien de toi, tu lui parles de la technique de l'essuie-glace et s'il comprend, si tu lui expliques bien, tu verras,
ce sera très chouette.
Anne - Tu as de la chance que je sois avant tout curieuse. Allez, continue.
Pierre - Nous en étions à la vitesse intermédiaire : c'est la vitesse de croisière, le grand tourisme, la chevauchée en plaine, les grands horizons… Il ne faut pas fatiguer la monture, jouer sur la longueur, ménager les pneus, pas plus de 3000
tours/seconde….
Anne - Zip … Zip … Zip, c'est ça ?
Pierre - Tout à fait ! et surtout, ne pas changer de rythme! Pas plus vite, pas plus lentement… Rester attentif, mais ferme… Zip … Zip … On peut aller
très loin comme ça.
Anne - Pas d'autres vitesses alors ?
Pierre - Mais non, on ne change pas de rythme j'ai dit, pas de vitesse. A ce moment tu peux enclencher la rapide : Ding Ding Ding Ding Ding. C'est l'envolée,
la chevauchée fantastique, l'attaque des indiens, l'arrivée des renforts… Et tout à coup, dans la foulée, si j'ose dire, tu rétrogrades doucement sur la vitesse lente : tlach; quelques secondes puis tlach.
Anne - Et qu'est-ce que je fais moi, pendant qu'il joue avec son essuie-glace ?
Pierre - Tu suis le mouvement, c'est tout. Tu accompagnes. Tu lui parles, aussi, tu lui dis qu'il est beau, qu'il est merveilleux, fantastique, inouï. Enfin, tout ce qu'on doit dire à son mâle… pendant qu'il vous honore !
Anne - Et que je sens bien son essuie-glace, c'est ça ?
Pierre - Mais je plaisante enfin grosse bête ! d'ailleurs, tu peux diriger aussi…
Anne - Diriger ? Moi ?../..

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